mercredi 20 janvier 2016

2016, année nécrologique

Après d'autres artistes de talent, voi que disparaît Ettore Scola, réalisateur du mythique "Affreux, sales et méchants", et avec lui encore un peu de l’esprit politique que j’aimais. Celui qui se moquait autant de cette droite qui s’accommode mieux de la charité que de la justice, que de cette gauche qui défend une mythologie absurde du prolétariat. Celui qui préférait affirmer sa singularité en clamant, selon un autre poète du cinéma italien, qu’il est "intolérable d’être toléré", plutôt que de se ridiculiser dans une lutte totalitaire contre des discriminations qui ne sont parfois que des différences, et de flirter avec la censure de ce qui remet en cause sa vision de la liberté. A l’époque, le film fit scandale dans les milieux bien-pensants des deux bords. Aujourd’hui, il ne sortirait probablement pas tant notre esprit critique s’est encore appauvri. Voici l'extrait de la crèche de bidonville, avec la coupole de Saint-Pierre de Rome en arrière-plan. Vive la provocation !


dimanche 3 janvier 2016

Atrophie cortico sous-corticale

Dehors

Dedans


Les journaux ne m’intéressent plus. L’actualité m’apparaît de plus en plus comme un phénomène illusoire, et un propos écrit voici vingt siècles permet souvent de mieux appréhender un événement présent que les bouffonneries de ceux qui se prennent pour les princes de l’information. Le hasard voulut néanmoins que ma femme achetât « l’Obs » de ce début d’année, lequel, trônant sur la table de la cuisine, était ouvert à la page de l’éditorial de Jean Daniel. Le titre accrocha mon regard : « Le grand échec des nihilistes ». Je pestai immédiatement, sachant ce que j’allai trouver comme contenu de cet éditoto. Ce fut encore plus lamentable que prévu. Jean Daniel se félicitait de l’échec, « et quel échec ! » de ceux qui ne veulent que « détruire, détruire, détruire ». La preuve du revers des terroristes, prétendument nihilistes ? La « réalisation spectaculaire » (sic) de la COP 21. Passons sur le ridicule de ce prodige qui aurait tant amusé Philippe Muray, pour revenir sur le contresens régulièrement infligé au nihilisme. S’il ne savait pas déjà combien toute espérance est vaine, le voeu d'un véritable nihiliste serait à l'évidence de « détruire, détruire, détruire » le fanatisme des hommes. Or il le voit à peu près partout, car comme le rappelle Cioran, « dans tout homme sommeille un prophète, et quand il s'éveille il y a un peu plus de mal dans le monde... ». C’est donc faire un mauvais procès aux nihilistes que de qualifier ainsi les terroristes. Ces derniers sont en fait des idéalistes, purs produits d’une époque qui elle non plus, contrairement à ce qu’on entend de la part des mêmes clowns, n’a rien de nihiliste. J’en viens à préciser mon constat de départ : mieux vaut lire un texte âgé de vingt siècles écrit par un penseur alerte, qu’un laïus contemporain pondu par un journaliste sénile.